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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

jeter comme inadmissible l’évaluation de lord Macartney. Si la Chine, disions-nous, a plusieurs provinces très-fertiles, très-bien cultivées et très-peuplées, elle en a aussi plusieurs autres qui sont stériles, peu habitées et où l’agriculture est négligée. Des espaces considérables de sa surface sont couverts de marais et sur son territoire vivent plusieurs peuplades plus ou moins sauvages qui ont besoin d’un grand espace pour y trouver leur nourriture. En comparant sa superficie à celle de l’Europe occidentale, nous trouvions qu’on ne saurait lui accorder raisonnablement une population relative beaucoup au-dessous de celle de cette dernière. C’est appuyé sur ces raisonnemens que nous lui avons donné 150 millions, lorsque les Guthrie, les Pinkerton et autres géographes s’accordaient à porter sa population au-delà de 333 millions ; les recherches que nous avons faites depuis, et les faits importans publiés dernièrement sur ce sujet, ont constaté la justesse de nos conjectures, et nous ont confirmé dans notre opinion. Seulement nous sommes d’avis que, pour avoir le nombre actuel des habitans de la Chine proprement dite, il faudrait lui assigner une population de 165 millions ; d’abord parce que les classes qui ne figurent pas dans les recensemens sont très-nombreuses, et ensuite parce qu’il est improbable, pour ne pas dire absurde, de supposer stationnaire durant trente-huit ans la population d’un pays qui pendant cette longue période n’a éprouvé ni de très-grandes disettes, ni de mortalité extraordinaire, ni de