littérature et des progrès intellectuels d’un peuple qui avance rapidement dans la civilisation. Abdurrahman s’inquiète peu des formes solennelles de l’histoire ; il raconte avec naïveté, simplicité ; c’est quelque chose du ton de nos anciennes chroniques, et on lui pardonnera, sans doute, un style incorrect et quelques faits erronés. Du reste, sa délivrance de l’Égypte, comme il l’appelle assez peu courtoisement pour nous autres Français, donne une idée assez nette de la société égyptienne ; il est curieux d’y voir l’impression que nos succès, nos mœurs et notre tactique avaient faite sur les indigènes. Elle dessine assez bien aussi le caractère du principal chef de l’expédition.
Le début est dans le style des livres orientaux. « L’an 1213 (1798) vit commencer les grandes guerres, les grandes calamités, le bouleversement des affaires, les grandes révolutions, enfin la ruine générale. » Le cheïkh égyptien décrit ensuite la terreur qui s’empara des habitans du Caire à l’approche de l’armée française, et l’expédient qu’imaginèrent les pachas pour lui barrer le Nil. « Ibrahim-bey monte à cheval et se rend au kiosk, dit Aïni. Il envoie à Djizé chercher Murad-bey, convoque le reste des princes, des savans et