considérables du Japon, elle est digne sous plusieurs rapports de sa grande réputation. Je vais entrer, au sujet de cette capitale, dans les détails que ma mémoire me rappellera.
Jedo contient sept cent mille habitans, et, quoique cette ville ne soit pas située sur le bord de la mer, elle jouit des mêmes avantages que celles qui y sont placées, à cause d’un grand fleuve qui la traverse et qui permet à des bâtimens de moyenne grandeur de remonter jusqu’à la ville. C’est par ce fleuve, qui se divise, dans l’intérieur, en plusieurs branches, qu’arrivent toutes les provisions nécessaires à la subsistance et à l’entretien de ses habitans. Les denrées de toute espèce y sont en telle abondance, qu’un homme peut y vivre commodément pour un réal par jour (27 centimes). Les Japonais font peu de pain de froment, quoique celui qu’ils fabriquent soit le plus excellent du monde et se vende à très-bon marché. Les rues et les places de Jedo sont fort belles, parfaitement entretenues, et si propres qu’on dirait que personne n’y passe. Les maisons sont en bois et ont presque toutes deux étages. Elles ont au-dehors moins d’apparence que les nôtres ; mais elles sont infiniment plus commodes et plus belles à l’intérieur. Toutes les rues ont des galeries couvertes et sont habitées chacune par des personnes d’une même profession, de sorte que les charpentiers de Jedo occupent exclusivement toutes les maisons d’une rue. Il en est de même des tailleurs, des forgerons, des orfèvres, etc., et de beaucoup d’autres dont les arts et les manufactures