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VOYAGE AU JAPON.

avaient six vares de hauteur (18 pieds) et autant d’épaisseur. Auprès de la porte étaient rangés cent arquebusiers environ avec leurs armes à la main, et avec autant de soin que si l’ennemi eût été tout proche ; et à cent pas à peu près de ce premier poste, il y avait une autre porte et une autre muraille un peu plus basse, bâtie en pierre de taille. Entre la première et la seconde porte, il y avait des maisons, des vergers, des jardins et des champs semés de riz, de manière que les habitans de la forteresse pouvaient pourvoir à leur subsistance pendant plusieurs mois, quand bien même les communications avec le dehors auraient été interrompues. Il y avait à cette seconde porte trente hommes armés de lances : le commandant de ce poste me reçut avec beaucoup de civilité, et me conduisit jusqu’au palais situé à cinquante pas de là, où je trouvai le tono qui m’attendait à la première porte, accompagné de quinze ou vingt domestiques. Après m’avoir salué et complimenté sur mon arrivée chez lui, il prit le devant et traversa cinq ou six salons, en me laissant avec quelques-uns de ses gens pour me guider. Ces appartemens étaient entièrement construits en bois, d’après l’usage du pays, où la fréquence des tremblemens de terre rend dangereux, surtout pour les appartemens où couchent les grands seigneurs, l’usage de la pierre. Mais ces maisons sont travaillées avec tant d’art et tant de perfection, et sont enrichies avec tant de profusion et d’élégance d’ornemens d’or, d’argent et de vernis, dans toutes leurs parties, que la vue trouve toujours à se fixer agréa-