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ADMINISTRATION AVANT 1789.

cordée dans les autres. Les constitutions imparfaites de ces provinces avaient négligé de fixer une foule de choses. C’est ainsi que le lieu où devait se tenir l’assemblée n’était pas toujours réglé d’une manière invariable, et de là résultèrent souvent des discussions sur la présidence, qui partout appartenait de droit au clergé, mais qui était souvent contesté à l’évêque, président-né, par l’évêque du diocèse où les états se trouvaient accidentellement convoqués. Le retour de ces réunions différait également. En Languedoc, en Provence et dans le Béarn, elles avaient lieu tous les ans ; en Bretagne, tous les deux ans ; et elles étaient triennales dans le duché de Bourgogne. Dans le reste du royaume, la levée de la taille et de ses accessoires se faisait d’une manière presque uniforme. Nous ne nous occuperons pas aujourd’hui des pays d’états ; nous n’appellerons l’attention que sur les généralités.

Par l’ordonnance de 1190, Philippe Auguste, partant pour la Terre Sainte, régla l’administration du pays. Il voulut que la taille[1] fût levée par les prélats et les vassaux du roi, sur tous leurs hommes, tant qu’il serait in servitio Dei, et il voulut même que, dans le cas où il mourrait hors de France, cette imposition fût maintenue jusqu’au moment où son fils pourrait gouverner par lui-même ; ainsi le roi, comme souverain, recevait la contribution que ses vassaux lui fournissaient en temps de guerre, du produit de la taille qu’ils imposaient eux-mêmes sur leurs sujets. Suivant cette ordonnance, les croisés ne pouvaient être imposés personnellement à la taille pendant l’année où ils avaient pris la croix ; mais ils n’en étaient pas exempts pour les fonds taillables qu’ils pouvaient posséder.

Saint Louis voulant que les tailles que l’on imposait pour les besoins de l’état fussent réparties avec justice et égalité,

  1. Quelques personnes prétendent que le mot taille vient des tailles ou morceaux de bois dont les collecteurs se servaient pour marquer les sommes qu’ils avaient reçues.