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ASSSOCIATION PROTESTANTE.

ragan n’aurait point laissé une herbe sur pied dans l’habitation de leur maître. Il apprendra que l’Angleterre envoie des missions en orient et en occident, pour améliorer la condition d’étrangers qui n’ont jamais cultivé le sol britannique ni risqué leur vie pour sa défense. Il comparera cet excès de bienveillance avec le dénuement complet dans lequel on l’abandonne, et saura bientôt en tirer les terribles conséquences.

Nous pensons qu’il vaudrait mieux d’abord l’aider à soutenir sa nombreuse famille ; et le seul moyen, c’est de lui donner du travail, c’est de l’employer, aux frais des paroisses, à des entreprises d’utilité publique ; c’est d’ouvrir des routes, de creuser des canaux, d’agrandir des ports, de défricher des terres, etc.

M. Malthus et d’autres se sont récriés contre ce moyen unique, suivant nous, pour améliorer la situation des pauvres Irlandais, et réprimer la tyrannie des hautes classes de la société. Ils prétendent qu’en Angleterre il produirait une augmentation désordonnée de la population, et néanmoins, l’accroissement de cette population, depuis un demi-siècle, a été infiniment plus considérable en Irlande qu’en Angleterre. Cette progression déréglée, pour ainsi dire, vient en grande partie de ce que les propriétaires, pouvant donner carrière à leur avarice, morcellent leurs biens pour en tirer tout le parti possible.

Ces économistes politiques allèguent aussi que la conséquence de ce système est de multiplier indéfiniment le nombre des pauvres. Il est arrivé tout le contraire ; car le nombre des pauvres est aujourd’hui inférieur à celui de l’année 1688, quoique la population soit double de ce qu’elle était alors. M. Gregory King évalue la population de l’Angleterre, à cette époque, à cinq millions et demi, et le nombre des pauvres à 1,200,000. En 1811, la population était de onze millions et demi, et il y avait à peine un million de pauvres. M. Malthus se plaint de l’accroissement des dépenses, sans tenir compte du prix des provisions, de la diminution de valeur de l’argent,