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GRANDE-BRETAGNE.

Les Irlandais, comme autrefois les Israélites, ont multiplié au sein de la misère ; néamnoins, en dépit des plaintes réitérées du peuple, M. G. Dawson prétend que l’état de l’Irlande s’améliore. « Les exportations et les importations du pays ont augmenté, » ajoute ce législateur ; mais s’il avait pris la peine de s’enquérir de la nature des exportations, il aurait vu que l’augmentation porte uniquement sur le bétail et le beurre, et que le chiffre des productions qui donnent du travail au peuple, étant resté le même, et la population s’étant accrue dans l’intervalle, il en est conséquemment résulté accroissement de misère. D’ailleurs, la majeure partie du produit de ce commerce sert à acquitter des fermages proportionnellement enchéris.

La quantité d’objets de fabrique anglaise importés en Irlande témoigne suffisamment de la décadence des manufactures indigènes. Le commerce des toiles dépérit chaque jour ; celui des soieries et des popelines de Dublin, qui entretenait autrefois dans l’aisance une multitude d’artisans, est entièrement anéanti, et l’abolition des droits de transit a entraîné la ruine de trente principaux manufacturiers de cette ville. Il ne se fabrique plus rien dans les ménages ; la confortable robe d’étoffe que la paysanne tissait de ses mains, a fait place au calicot sorti des ateliers de Manchester. La prospérité, dit-on, renaît en Irlande ! Le tableau des banqueroutes de Dublin suffit pour s’en convaincre. Heureuse contrée, où les fermages sont extorqués par 6,000 gendarmes et 35,000 soldats !!!…

Nous allons maintenant considérer s’il n’existe pas quelque moyen de remédier à ce triste état de choses.

Jetons d’abord les yeux sur les nations voisines.

En Autriche, le bien-être du pauvre est l’objet d’une sollicitude toute particulière.

En Bavière, il existe des lois qui obligent chaque paroisse à prendre soin de ses pauvres.