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RUSSIE.

sans cesse sur tous les points de l’ouest, une multitude de communications particulières, de relations d’amitié, et de liaisons réciproques qui ne peuvent manquer d’unir par des nœuds indissolubles les côtes du nord de la mer Noire avec l’Europe occidentale. Si l’on considère les rapides progrès des arts, de la navigation, et des diverses branches de l’industrie, ainsi que le cours régulier des migrations qui s’opèrent de l’ouest de l’Europe dans la Russie méridionale, il deviendra évident que l’espoir du gain doit être bien grand, et les liaisons réciproques bien puissantes, pour donner naissance à un tel mouvement, dont les vibrations mettent en contact des pays si nombreux et séparés par des distances si considérables. Les ports de la Méditerranée sont maintenant privés de communications avec l’Inde. Soumis aux inévitables résultats du gouvernement despotique de leurs deys, ceux des côtes de Barbarie ne sont que des retraites de pirates ; la pauvreté et la confusion règnent dans l’Archipel ; et la décadence de la Turquie devient de jour en jour plus frappante. Il est vrai que le soleil du commerce vient de se lever sur l’Égypte ; mais il n’y luit que pour les intérêts d’un seul homme, ce qui ne présente aucune sûreté pour l’avenir.

Ainsi donc, sous le gouvernement des czars, le commerce de la Méditerranée passera tout entier dans la mer Noire ; il y sera dirigé avec zèle et succès, et au grand avantage de toutes les parties. Le midi de l’Europe sera à jamais protégé contre la disette par l’échange de ses productions contre nos céréales, et beaucoup d’autres objets importans, échange qui s’établira et s’opérera avec une facilité toujours croissante. Cette mer est déjà le marché où se répandent tous les produits coloniaux nécessaires à notre consommation ; ces échanges naissans de marchandises prendront plus de solidité et d’étendue à mesure que s’accroîtra la population de notre immense territoire, population qui est loin encore d’avoir atteint même la dixième partie de la proportion qu’elle doit