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PIÈCES OFFICIELLES. — ÉTATS-UNIS.

le gouvernement alors existant en France et par son ordre, n’ont point encore obtenu satisfaction, et peuvent par conséquent continuer à fournir un sujet de discussions désagréables, et une collision possible, entre les deux gouvernemens. Je nourris cependant un vif espoir fondé sur la validité de ces réclamations et sur la politique de tous les gouvernemens éclairés, aussi bien que sur l’intégrité si connue du monarque français, que l’injurieux délai du passé trouvera son redressement dans l’équité de l’avenir. Notre ministre a reçu des instructions pour presser auprès du gouvernement français ces demandes avec toute la chaleur que réclame leur importance et leur justice, et dans un esprit qui prouve le respect dû aux sentimens de ceux auxquels cette satisfaction est demandée[1].

» Notre ministre, récemment envoyé en Espagne, a été autorisé à faire tous ses efforts pour faire disparaître des maux également préjudiciables aux deux nations, soit en concluant une convention commerciale sur des bases libérales et réciproques, soit en pressant l’acceptation, dans toute leur étendue, des stipulations mutuellement avantageuses de nos actes de navigation. Il a aussi des instructions pour faire un nouvel appel à la justice de la cour d’Espagne en faveur de nos concitoyens pour une indemnité des spoliations de notre commerce commises par ses ordres, appel que nos procédés libéraux et pacifiques et une juste confiance dans l’honneur de ce gouvernement nous autorisent à ne pas croire fait en vain.

» Quant aux autres puissances de l’Europe, nos relations avec elles sont sur le pied le plus amical. Dans la Russie, placée par ses limites territoriales, sa nombreuse population et son grand pouvoir à un haut rang parmi les nations, les États-Unis ont toujours trouvé une amie sûre. Bien que la récente invasion de la Turquie ait éveillé une vive sympathie pour ceux qui étaient exposés aux maux de la guerre, nous ne pouvons que penser que le résultat sera favorable à la cause de la civilisation et aux progrès du bonheur de l’humanité. Le traité de paix entre les deux puissances ayant été ratifié, nous ne pouvons être insensibles aux grands avantages qui en résulteront pour le commerce des États-Unis par l’ouverture de la navigation dans la mer Noire, dont le libre passage est assuré à tous les bâtimens marchands se rendant dans les ports russes, sous pavillon en paix avec la Porte. Les avantages dont jouissaient presque toutes les puissances de l’Europe nous avaient été refusés jusqu’ici. Une tentative faite l’été dernier dans des circonstances favorables semblait devoir être bientôt couronnée de succès ; et, bien que ces résultats soient heureusement atteints en partie, il nous semble que nos concitoyens doivent porter toute leur attention sur le besoin de facilités plus grandes encore pour la jouissance de la nouvelle carrière ouverte à leurs entreprises.

» Notre commerce avec l’Autriche, bien qu’il soit d’une importance secondaire, s’accroît graduellement, et est maintenant assez étendu pour mériter l’attention paternelle du gouvernement. Une négociation, entamée et presque terminée par la dernière administration avec cette puissance, s’est mise à fin par un traité d’amitié, de navigation et de commerce, qui sera mis sous les yeux du sénat.

» Depuis la clôture du congrès, nos relations diplomatiques avec le Portugal avaient cessé. L’état des choses dans ce pays avait produit la suspension de la reconnaissance du représentant qu’il envoyait, jusqu’à ce que l’occasion se fût présentée d’obtenir de notre organe officiel dans cette contrée les renseignemens relatifs à sa position actuelle et, autant que possible, à la condition future de l’autorité qui envoyait un représentant ; ces renseignemens nous étant parvenus, l’application de la règle établie par notre gouvernement dans ces sortes de cas ne pouvait être plus long-temps différée[2].

» Des progrès considérables ont été

  1. Les réclamations faites à la France par les États-Unis ont pour objet une indemnité due aux commerçans américains pour saisies illégales de leurs navires ou de leurs marchandises, faites dans tous les ports français en vertu d’un décret impérial daté de Bayonne le 17 avril 1808.
  2. Voici cette règle dont la conséquence rigoureuse étonnera en Europe un grand nombre de ceux