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ASIE BRITANNIQUE.

sexe, le raj-pout n’eut pas de peine à croire le rapport de son ami. Il résolut d’examiner de près la conduite de sa femme ; mais il n’y trouva rien de blâmable. Un jour cependant il aperçut le jeune juge qui, du haut de la terrasse, recommençait ses signes accoutumés. Le lendemain, la femme du raj-pout fut trouvée morte dans son lit. Le mari ne cacha pas la part qu’il avait prise à ce meurtre ; il déclara qu’il l’avait commis pour sauver son propre honneur et celui de sa femme. Il fut arrêté, et amené devant le jeune Anglais, qui, en sa qualité de seul magistrat européen, se vit contraint, non-seulement de recevoir les aveux du mari, mais encore d’assister à une enquête sur le corps de sa victime. Comment décrire la situation déchirante de ce jeune homme ?… car, à part quelque trait d’étourderie et de vanité, il possédait les sentimens les plus nobles et les plus élevés. Le raj-pout, convaincu par sa propre déclaration, fut condamné à mort ; mais, en présence de son juge, il l’accusa hautement comme l’auteur de son crime. La même nécessité qui avait forcé le magistrat anglais à présider au procès du malheureux raj-pout, l’obligea encore d’être présent à l’exécution. Ce dernier coup mit le comble à son désespoir. Par un effort inouï, il remplit ce devoir horrible ; mais rentré chez lui, ayant toujours devant les yeux l’image de ce couple infortuné, il ne put supporter plus long-temps les angoisses de sa conscience. D’un coup de pistolet il mit fin à la fois à son existence et à ses remords…

B***…