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DE L’AVENIR DES ÉTATS-UNIS.

soutenir avantageusement la concurrence avec les fabriques européennes qui, par conséquent, devront satisfaire à nos besoins toujours croissans. La même relation qui existe entre une grande ville et la campagne qui l’environne, existera encore long-temps entre l’Europe et l’Amérique du nord. La première est comme une ville à l’égard de la dernière ; elle lui fournit des objets manufacturés en échange des produits bruts qu’elle en retire. M. Gallatin, dans un de ses premiers rapports comme secrétaire du trésor, paraît n’avoir pas été assez frappé de cette relation des États-Unis avec l’Europe. Lorsqu’il estime le montant futur des taxes, il paraît ne pas admettre un accroissement progressif et continuel ; et lorsqu’avec raison, il détermine la somme de nos importations par celle de nos exportations, il considère à tort celles-ci comme stationnaires, parce qu’il ne présume pas que les demandes étrangères, d’après lesquelles il les évalue, puissent augmenter. Cependant, il est facile de concevoir que, plus nous tirerons sur les manufactures européennes, plus celles-ci, à leur tour, tireront sur nos produits pour s’alimenter. Mais lorsque, dans la suite des temps, le complément de notre population aura donné naissance à un nombre suffisant de manufactures pour employer le surplus de ces produits, alors les fabriques étrangères ne pouvant plus s’alimenter chez nous comme auparavant, seront nécessairement frappées d’une stagnation, si ce n’est d’une ruine, dont le contre-coup se fera long-temps sentir en Europe.

Si nous n’étions point arrêtés dans l’examen de cette question par les bornes resserrées d’une lettre, nous pourrions indiquer encore d’autres résultats probables de l’accroissement de notre population, du développement progressif de notre empire et de ses hautes destinées.

Nous réserverons pour une autre lettre le tableau de notre situation présente.

I…