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DE L’AVENIR DES ÉTATS-UNIS.

On supposerait vainement que leur commerce pourra trouver un chemin assuré par les lacs du Nord et le Saint-Laurent d’un côté, et de l’autre par les canaux qui uniront un jour les mers de l’Occident à celles de l’Orient. Ils ne peuvent jouir de la navigation du Saint-Laurent, sans que celle du Mississipi soit assurée ; et quant à la création des grandes communications intérieures, elles ne feront certainement que resserrer plus intimement l’union des diverses parties de la fédération.

Mais il y a encore bien d’autres considérations importantes qui feront repousser cette séparation qui semble désirée par la folie ou la dépravation de quelques-uns. Si les états de l’Ouest des Allegany se séparaient des états de l’Est, il est plus que probable que les premiers ne resteraient pas long-temps sans se subdiviser. Quelle qu’ait été la force des argumens en faveur du premier démembrement, on en trouverait de plus forts encore pour justifier le second. La différence des habitudes, des mœurs, des besoins parmi les diverses sections de la nouvelle fédération de l’Ouest, serait alors aussi grande que celle qui existe maintenant entre les états de l’Ouest et les états atlantiques. Une partie voudrait des esclaves, une autre n’en voudrait pas. Ici, les exportations consisteraient en sucre, en coton ; là, en grains et en bestiaux. Tel état aurait besoin de commerce étranger, tel autre voudrait s’en tenir au commerce intérieur. Les rivalités et les dissentions qui s’élèveraient entre ces différentes républiques seraient soigneusement accrues et perpétuées par des voisins jaloux de leur prospérité et de leur puissance. D’ailleurs la répugnance qu’inspire maintenant l’idée d’un démembrement, serait affaiblie par le souvenir du premier pas déjà fait.

Imaginons un instant la confédération de l’Ouest ainsi subdivisée : voyons qu’elles en seraient les conséquences naturelles et inévitables. Les états de l’intérieur ne seraient que plus gênés dans leur commerce ; car non seulement ils seraient