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AMÉRIQUE DU NORD.

ils le voudront, créer une marine capable de défendre leurs côtes et de protéger le commerce extérieur des états de l’ouest, situés au milieu des terres. C’est donc à ces derniers qu’il appartient de décider s’il leur est plus avantageux de recourir à une protection étrangère, que de voir la tranquille jouissance de leur commerce, assurée par une nation puissante dont ils font eux-mêmes partie essentielle, et dans les conseils de laquelle ils ont une si grande influence.

Il n’y a donc pas à hésiter. S’ils veulent recourir à la protection d’un pouvoir étranger, ils seront obligés de l’acheter par le sacrifice de quelques avantages commerciaux ou politiques car, d’une façon ou de l’autre, il faut la payer. Si cet allié n’a point une marine prépondérante, il ne pourra leur assurer une protection complète ; et même, dans le cas contraire, ils ne pourront que souffrir des querelles où il se trouvera engagé. D’ailleurs cette prépondérance peut changer. Les exploits de notre petite marine à l’époque de la dernière guerre, ainsi que notre nouvelle politique, nous sont un sûr présage que la Grande-Bretagne verra bientôt passer entre les mains d’une autre nation la puissance dont elle a tant abusé.

D’un autre côté, les états atlantiques, qui, au moment d’une scission, deviendraient les plus dangereux adversaires des états du Mississipi, ne peuvent qu’être leurs plus utiles auxiliaires et leurs meilleurs amis, tant que l’Union subsistera. De cette manière, les états du Mississipi auront une protection maritime sans être obligés de l’acheter au prix d’une portion de leur indépendance, et par leur prodigieuse influence pourront surveiller et diriger la marche du gouvernement fédéral, au gré de leurs besoins. Ainsi donc, si, comme on n’en peut douter, la marine américaine arrive à la supériorité dans ces mers, la véritable question pour les états de l’Ouest est de savoir s’ils préféreront l’Union, avec la navigation du Mississipi sans entraves ; ou bien la Séparation, sans cette liberté de navigation.