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DE L’AVENIR DES ÉTATS-UNIS.

matelots qui en sont l’ame ; ce n’est qu’une nation maritime qui peut fournir de tels hommes. Il n’a jamais existé de bonne marine militaire sans une marine marchande pour la préparer et l’entretenir ; l’expérience a depuis long-temps démontré que la valeur de l’une est toujours en raison des ressources qu’offre l’autre. Ainsi, les Carthaginois, les Athéniens, les Vénitiens, les Génois, les Hollandais, les Anglais, se sont successivement distingués par leur courage sur mer, autant que par leur esprit d’entreprise commerciale.

Le peuple de l’ouest ne deviendra jamais marin. Ses marchands pourront peut-être s’engager dans un trafic étranger, actif et étendu ; mais, alors même, les matelots qu’ils emploieront seront tirés d’un autre pays. La plus grande partie des états atlantiques, au contraire, est empreinte d’un caractère commercial et maritime bien prononcé. Leurs habitans, en proportion de leur nombre, fournissent plus de matelots que quelque nation que ce soit. La grande quantité de fleuves navigables et de ports faciles et sûrs, l’entière liberté d’industrie, l’absence de vexations ou de restrictions, l’esprit d’entreprise, qui distingue surtout la république des États-Unis : tout, en un mot, se réunit pour favoriser et développer le commerce de ces contrées. Aussi, est-ce sous cette influence de tant de circonstances heureuses, que l’on voit le négociant américain poursuivre la fortune sur toutes les côtes et dans toutes les parties connues du globe. Familiarisés avec chaque port de l’Europe, depuis la mer Baltique jusqu’à la Méditerranée, ses vaisseaux entretiennent encore des communications suivies avec la Chine, les Indes, et les îles nombreuses de l’Océan indien. Ils ont exploité toutes les rives occidentales de ce continent, depuis les îles de Falkland jusqu’au Kamtschatka. Sans doute, les mêmes causes qui ont propagé si prodigieusement la navigation des états atlantiques doivent aussi la perpétuer et l’augmenter. Riches en matelots, ces états pourront toujours, quand