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DE L’AVENIR DES ÉTATS-UNIS.

l’amour du changement, si naturel aux sociétés comme aux individus, ne renversent l’édifice que nous avons élevé, ou qu’il ne tombe de lui-même, écrasé sous son propre poids ?

Ces prédictions de démembrement nous affligent d’autant plus qu’elles tendent à saper nos espérances, et menacent nos plus chères affections et notre bonheur. L’histoire de tous les peuples et de tous les temps nous apprend que les suites naturelles de la désunion sont les querelles intestines, les guerres fréquentes, les taxes énormes, les armées permanentes, le despotisme, et enfin la mort de la liberté civile. Examinons donc sérieusement la question, afin de paralyser autant que possible les suites funestes de cet événement, s’il doit arriver un jour, ou, dans le cas contraire, nous affranchir de craintes plus dangereuses que le mal même, puisqu’elles peuvent jeter nos conseils publics dans de fausses directions.

Ceux qui prédisent la dissolution des états s’appuient en général sur les dispositions qu’ils prêtent aux peuples qui habitent l’ouest des Allegany. Ils présument qu’éloignés comme ils le sont du siége du gouvernement fédéral, et séparés des états atlantiques autant par leurs intérêts commerciaux que par leur situation topographique, ils se retireront de la confédération dès que l’accroissement de leur population leur aura assuré la prépondérance ; ils établiraient alors un gouvernement particulier composé de districts semblablement situés, et ayant adopté la même politique, soit intérieure, soit étrangère.

S’il était vrai qu’il y eût entre les états atlantiques et ceux de l’ouest une permanente et irréconciliable opposition d’intérêts, il ne faudrait point espérer de les tenir réunis par aucun lien politique. Certainement ce ne serait point par l’influence de notre gouvernement, dont la principale vertu est d’être fort pour défendre les intérêts de ses administrés, et trop faible pour pouvoir jamais les blesser. Mais s’il est vrai que tous les états ont un intérêt direct à maintenir l’intégrité