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TRAITÉ DE PAIX DE TURKMEN-TCHAÏ.

avait dépouillé de ses plus riches provinces ; mais ce qui dénote plus encore avec quelle mauvaise foi on agissait, c’est que des officiers, des ingénieurs anglais étant au service de la Perse, on ne voulut pas les admettre aux conférences, bien que l’on sût qu’aucun Persan n’était capable de faire les opérations nécessaires. Rien ne fut résolu, et l’on se sépara.

Le but de la Russie était de posséder un petit fort appelé Geuktché, situé près du lac de Sivas, à l’extrémité d’une longue vallée. Un grand nombre de soldats russes désertaient leurs drapeaux et s’enfuyaient en Perse où ils étaient bien accueillis, et le passage de Geuktché était le plus difficile à fermer aux fuyards. Ce point appartenait à la Perse ; on offrit vainement de l’échanger contre une partie des pâturages du Moghan, situés près de l’Araxe. Abbaz-Mirza avait été sur le point d’accepter le traité qu’on lui proposait ; mais il se ravisa plus tard et ne voulut rien terminer. Cependant le chargé d’affaires de Russie ne cessait de menacer la Perse, et le roi fut lui-même obligé de lui dire que s’il voulait partir il en était le maître. Enfin, le général Iermoloff, fatigué de tant de lenteurs, fit occuper par ses troupes la ville et le territoire de Geuktché. L’agression fut évidente ; on était entré à main armée sur le territoire persan ; on y restait malgré plusieurs sommations. Le roi, dès qu’il fut instruit de cet acte d’hostilité, envoya Mirza-Sadeq, un de ses moustouphis (secrétaires), vers l’empereur Alexandre pour demander justice ; arrêté à Tiflis, on ne lui permit pas de voir le souverain. Ce fut sur ces entrefaites que le cabinet de Pétersbourg nomma comme ambassadeur le prince Mentchikoff. On sait qu’elle fut, à son égard, la conduite des Persans ; ils le firent prisonnier et se précipitèrent sur les provinces russes. Alors la guerre fut commencée. Elle se termina en 1827 par l’addition à l’empire russe d’une nouvelle province persane, et par le tribut d’une somme d’argent exorbitante pour un pays pauvre et sans crédit public (80 millions de roubles).