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PERSE.

qu’on lui demande des indemnités pour les Russes ! Pourquoi les Autrichiens, les Sardes, les Anglais n’en demanderaient-ils pas aussi ? Depuis quand les gouvernemens doivent-ils payer des contributions aux négocians dont ils ont dérangé les spéculations ? Avec ce principe, il n’est pas un négociant qui, lorsqu’une de ses expéditions aura manqué, n’ait recours contre les gouvernemens ; et cette somme de 18 millions est elle-même exagérée, tant à cause de la pauvreté de la Porte, que parce que, depuis plusieurs années, l’état du commerce n’était pas satisfaisant dans le midi de la Russie ; la plupart des négocians avaient fait faillite long-temps avant les discussions avec la Porte, et toutes les maisons restantes n’avaient pas entre elles un capital aussi considérable que l’indemnité que l’on réclame. D’après cet article, la Porte rendra les fonds qui ont été perdus, soit qu’elle ait elle-même causé les pertes, soit qu’on doive attribuer à des spéculations trop vastes et mal combinées.

Les autres articles ne sont que réglementaires.


ii. Traité de Turkmen-Tchaï.

Cet examen du traité d’Andrinople serait cependant incomplet, si nous ne parlions de celui qui a été conclu en 1827 à Turkmen-Tchaï, entre la Russie et la Perse. Nous avons voulu établir que la Russie, tout en affectant un langage modéré, finissait toujours par satisfaire son ambition, et cette vérité sera mieux démontrée encore, en observant sa conduite avec l’empire persan. Peu de personnes ont été placées de manière à obtenir des données exactes sur ce qui se passa alors dans cette partie de l’Orient. Les Persans ont été considérés comme d’injustes agresseurs, et l’Europe a applaudi au triomphe de leurs ennemis. Les faits démontreront toutefois que la justice était de leur côté et que ce ne furent pas eux qui commirent les premières hostilités.