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TRAITÉ DE PAIX D’ANDRINOPLE.

Ainsi, l’article n’a rien de nouveau, et ne donne pas aux Russes plus d’avantages qu’aux autres européens. Il aurait été juste cependant que la Russie déclarât qu’elle n’accorderait plus ses passeports à des étrangers ; qu’elle promît de ne plus prétendre protéger les bâtimens construits dans les états du Grand Seigneur et montés par des hommes connus comme ses sujets, et à ne pas couvrir de son pavillon les neufs dixièmes des vaisseaux appartenant aux rayas. Mais pourquoi se réserver le droit de guerre en cas de non-exécution de cet article ? Ignore-t-on que les officiers publics n’étant pas rétribués en Turquie, il est presque impossible d’y voyager sans essuyer des contestations qui se terminent par quelques pièces de monnaie. Si l’on voulait se réserver ce motif de guerre, la paix était inutile ; bientôt il faudra tirer l’épée du fourreau. Un autre inconvénient peut résulter de cette convention. On n’ignore pas combien les intérêts des sujets turcs sont mêlés avec ceux des Russes ; nous avons vu, lors de la révolution grecque, nombre de familles émigrer en Russie sous les yeux même du Divan qui ne pouvait s’y opposer. L’humanité a dû s’applaudir de cet événement ; mais si aujourd’hui un sujet turc conspirait contre son pays en faveur des Russes, n’est-il pas évident qu’il aurait toujours un refuge assuré à bord des vaisseaux moscovites, et n’est-ce pas une violation du droit des gens que d’empêcher la Porte d’administrer la justice et de punir chez elle des crimes d’état ?

Art. viii. Indemnités aux négocians. — 18 millions de fr. Les indemnités que devaient recevoir les sujets russes en 1806 ont sans doute été fixées et diffèrent de celles que l’on demande pour la conduite de la Porte dans ces derniers temps. La bataille de Navarin est donnée ; on arme en Russie ; on équipe dans les ports, dans les arsenaux. La Porte, dont on vient de brûler les vaisseaux, dont on menace la capitale, achète au taux de la place les grains qui se trouvent dans ses ports ; elle use d’un droit reconnu chez tous les peuples, et voilà