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TRAITÉ DE PAIX D’ANDRINOPLE.

sion réussit : Madatof devint général, prit le titre de prince, fut fait gouverneur du Cara-bagh, où il hérita des richesses du fugitif ; les autorités russes remplacèrent les autorités persanes, et les priviléges de ces pays mahométans, assurés par les traités, furent anéantis.

Telles sont les provinces réunies à perpétuité à l’empire de Russie ; tel a été le mode de leur réunion ; et pour nous, qui ne croyons pas que le fait remplace le droit, nous ne saurions ni l’approuver ni considérer les pays en question comme légitimement acquis à la Russie.

C’est pourtant après cette assertion que la Russie prétend que l’extension de ses frontières du côté de la Perse l’oblige à les reculer vers la Turquie. N’est-ce pas la politique de ce diplomate qui, voyant tous les intérêts de l’Europe sur une carte, arrondissait les grandes puissances en faisant disparaître les angles formés par les territoires enclavés dans les leurs ? Qu’ont de commun les provinces de la Perse et celles de la Turquie ? rien sans doute. L’ancienne limite passait sur de hautes chaînes de montagnes ; elle était fixe et précise ; un long usage avait appris à la connaître ; des quarantaines y étaient établies. Il eût été plus loyal de dire que les Arméniens sont nombreux dans les pays que l’on acquiert ; que l’on compte sur eux pour augmenter la population géorgienne ; que la grande ville d’Akhalszik vaut mieux que toute l’Imirétie, le Guriel et la Mingrélie ; que c’est pour cela que l’on s’en empare ; qu’enfin, on espère en s’y établissant, couper la route commerciale de Batoum. Alors on alléguerait les véritables motifs de la conquête, et l’on ne voilerait pas l’ambition sous de ridicules prétextes. De ce côté, la ville de Poti seule devait appartenir à la Russie parce qu’elle est peu importante et placée au milieu d’un état étranger.

Mais ce qui rend l’article iv plus remarquable, c’est d’avoir intercalé un passage qui ne paraissant qu’accessoire, renferme cependant la partie la plus essentielle du traité. Au