En armas y fuego ardiendo.
C’est une carrière grande et brillante que celle que Walter-Scott a ouverte au roman moderne ; mais c’est aussi une carrière semée d’écueils, où le travail des recherches et l’amour-propre du savoir doivent s’effacer complétement sous le naturel du coloris, l’aisance de la touche, l’intérêt des situations ; où les grandes scènes de l’histoire veulent être dépouillées de leur grave majesté, pour se révéler à nous dans les actes individuels qui les ont produites ou accompagnées.
M. Ferdinand-Denis a voulu nous peindre, dans une composition de ce genre, l’événement le plus mémorable, sans contredit, des temps modernes. Peut-être le choix d’un tel sujet, tel du moins que l’a envisagé le jeune littérateur, n’est-il point heureux ; il était en effet d’autant plus difficile à traiter, qu’il est trop solennel, trop historique jusque dans ses détails, pour laisser à l’imagination une part assez large ; la grande figure de Colomb est trop grave pour se prêter à devenir l’un des ressorts d’une action purement romanesque. Aussi l’ouvrage de M. Denis, rempli de peintures charmantes de cette nature inter-tropicale qu’il affectionne comme un fils, semé de curieux détails de mœurs sauvages, qu’il a étudiées chez les sauvages eux-mêmes, offrant des situations pleines d’intérêt et de poésie, ne remplit cependant pas complétement les conditions du roman : trop de particularités historiques s’y montrent à nu, indépendantes du sujet dramatique de la composition.
Nous n’oserions en rejeter la faute tout entière sur le talent de M. Denis ; mais nous avons un reproche à adresser directement à ce talent si frais, si gracieux, si romantique ; c’est de se montrer ici sous un style qui n’est pas le sien propre. À son originalité native il a préféré les coupes, les structures d’une école. M. Ferdinand Denis est fait pour ne point marcher à la suite des autres : l’auteur d’André le voyageur, des Scènes de la Nature sous les tropiques, ne peut que perdre à changer son style.