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GÊNES.

tres. Déjà on avait fait feu sur la maison du consul de France ; le désordre allait toujours croissant, les maisons des Français étaient menacées d’être pillées ; on entendait fréquemment des coups de canon et des coups de fusil ; tous les rapports annonçaient qu’on poursuivait plus particulièrement les Français.

Au moment où le ministre sortait du palais avec deux patriciens, pour aller porter au peuple le décret rendu par le sénat, les charbonniers et les portefaix, qui remplissaient la cour du palais, s’opposèrent à son passage. Il fut enveloppé, couché en joue, et séparé des patriciens qui le suivaient. Des coups de fusil se firent entendre ; un Français qui passait sans armes, fut tué ; d’autres furent arrêtés et maltraités. Le ministre obtint leur élargissement, et rentra avec eux dans la salle du Doge. Il requit le Doge et les sénateurs de le faire accompagner chez lui par une escorte suffisante, et par deux sénateurs et six patriciens. Cette escorte lui fut accordée.

De retour à son hôtel, le ministre y trouva les patriotes qui s’y étaient réfugiés. Il leur donna lecture du décret rendu par le sénat ; on en multiplia les copies, et les patriotes furent invités par le ministre et les sénateurs à l’aller publier parmi leurs concitoyens.

Cependant le tumulte augmentait ; les décharges d’artillerie et les coups de fusil se répétaient plus fréquemment ; les attroupemens des charbonniers autour de la maison du ministre devenaient plus considérables. Il crut alors devoir témoigner ses craintes au gouvernement, et lui demander de garantir sa sortie de Gênes, mettant sous la responsabilité personnelle de ses membres tous les événemens qui pourraient arriver.

Le gouvernement répondit qu’il n’était pas le maître de la multitude armée pour sa défense, qu’il ne pourrait protéger la sortie du ministre qu’autant que les troupes occuperaient les forts de Saint-Thomas, dont les insurgés s’étaient empa-