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ESPAGNE.

sûre et abondante, mais le terrain où il a été semé peut, la même année, produire du froment ou toute autre céréale. Voilà sans doute de grands avantages, mais ils ne balancent pas à beaucoup près les funestes résultats de cette culture sur l’état sanitaire des cantons où elle est exploitée. Il n’est pas rare de trouver en Espagne des villages, où la stagnation et la corruption des eaux, la putréfaction d’une multitude d’insectes et de végétaux qui y périssent, occasionnent régulièrement, pendant les mois d’août, septembre et octobre, des épidémies terribles, qui presque toujours font disparaître des populations entières. Aussi les amis de l’humanité ne taxeraient pas d’inconséquence le gouvernement qui, en accordant des primes pour encourager la culture du riz, dans des terrains vaseux et humides, tels qu’à l’embouchure de l’Albufera, défendrait sous les peines les plus sévères, comme il l’a déjà fait pour deux villages dans la Huerta de Valence, Ribarroja et Villamarchante, de convertir en marais des terrains naturellement secs et arides. Nous allons chercher à montrer qu’il y aurait accroissement de population et de richesse, à donner ainsi une autre direction à l’industrie. À la Ribéra-del-Jucar, la culture du riz occupe un très-grand nombre de communes ; le produit annuel de la récolte est de 43,755,000 réaux de vellon. Qu’on juge maintenant combien cette somme, toute énorme qu’elle est, pourrait cependant s’augmenter. Dans les deux villages de Ribarroja et de Villa-Marchante, le produit annuel de la culture du riz, pour les années antérieures à la prohibition, a été de 57,960 pesos, tandis que dans les années qui l’ont suivie, le produit annuel des nouvelles cultures, s’est élevé à la somme de 106,548 pesos, sans qu’on y ait compris les fruits secs, les plantes potagères, le chanvre, etc., qui produisent plusieurs milliers de pesos.

Un avantage bien plus précieux encore, c’est que cette somme augmentée du double, n’a pas, comme les premières, été acquise aux dépens de l’existence d’un grand nombre d’in-