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ANCIEN EMPIRE MOGOL.

époque de sa mort, jusqu’à l’avénement de son arrière petit-fils Baber, l’Indostan ne cessa d’être bouleversé par une suite de révolutions et de désastres. Baber étendit encore les conquêtes de Timour, et pacifia ses états, qu’il gouverna avec sagesse. Il écrivit lui-même l’histoire de son règne dans des mémoires fort curieux, qui ont été publiés en Angleterre par M. Erskine, et mourut le 26 décembre 1530, à l’âge de 48 ans. À sa mort, son fils Humaïoun monta sur le trône qu’il eut bientôt à défendre contre une foule d’insurgés ; abandonné lâchement par ses frères, il fut chassé par Chin Khan, prince patane de Baber, et se retira à la cour du Chah de Perse. Celui-ci l’aida à recouvrer sa couronne en 1545. Humaïoun eut pour successeur le grand Akber, qui porta l’empire mogol au plus haut degré de puissance. Akber s’occupa d’abord à soumettre les révoltés et à rétablir l’ordre ; il tourna ensuite ses soins vers l’administration intérieure, et secondé du célèbre Aboul-Fazl, qui a laissé une histoire de sa vie, sous le titre d’Akber-Namé, il fonda des écoles, à l’instar de celles de Samarcande, où on étudiait les sciences et les belles-lettres, les langues indienne et arabe, etc., et fit coordonner un code de lois, connu sous le nom de d’Aïïni-Akberi (Institutes de l’empereur Akber)[1]. Après un règne glorieux de cinquante ans, il laissa le trône à son fils Djhân-Guir, qui fera le principal objet de cet article.

Djihân-Guir était un prince remarquable ; comme Baber, il écrivit les mémoires de sa vie, mais elle fut moins brillante que celle de son aïeul. L’influence qu’exerçait sur son esprit sa favorite Nouri-Djihân répandit de l’irrésolution et de la faiblesse dans ses conseils. Il se montra quelquefois cruel envers ses serviteurs et les peuples qu’il gouvernait. Son règne fut agité, et quoiqu’il s’appelât le vainqueur du monde, il trouva

  1. Traduites de l’original persan par Francis Gladwin, Esq. 2 vol. in-4o. London 1800. L’Aïïni-Akberi forme le troisième volume de l’Akber-Namé.