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DÎNER DE L’ASSOCIATION SAINT-JOSEPH.

s’affaisser sous le poids d’une insolente oligarchie, comme autrefois la puissante et superbe Venise. Je montrerai au peuple la nécessite d’une fusion des principes démocratiques et monarchiques, pour ranimer le système constitutionnel. C’est là, suivant moi, le seul moyen de rendre à l’empire britannique une puissance qui est prête à lui échapper, et à ses habitans le bonheur et la prospérité, qui en sont la conséquence naturelle. »

On but ensuite à la « glorieuse et immortelle mémoire de l’Association catholique[1] ; » et M. Finn, un de ses membres les plus distingués, se leva pour remercier l’assemblée, en son nom. « Faible enfant, à sa naissance, dit l’orateur, l’association prit bientôt un accroissement gigantesque, sous la tutelle du père de la patrie ; elle rallia à elle toute l’Irlande, et obligea ses fiers vainqueurs céder à sa force irrésistible. Tout le monde s’accorde à dire que l’abrogation de l’acte d’Union aurait pour l’Irlande les résultats les plus avantageux ; mais beaucoup paraissent croire à l’impossibilité de la mesure. C’est, prétendent-ils, un rêve, une utopie, une chimère. Je pense, moi, que si les Irlandais de toutes les croyances se coalisent paisiblement et constitutionnellement pour l’obtenir, il n’est pas de pouvoir sur la terre assez fort pour leur résister. En 1782, l’Irlande ne comptait qu’un million d’hommes, moitié libres, moitié tyrans, et deux millions d’esclaves dégradés. L’Irlande renferme aujourd’hui neuf millions d’hommes, qui ne le cèdent en bravoure et en énergie morale, physique et intellectuelle, à aucun autre peuple de la terre. Permettez-moi donc de vous proposer « le prompt rappel de l’union législative. » Après ce toast, qui fut reçu avec acclamation, on porta successivement la santé du vice-président, M. Fitz Simon, gendre d’O’Connell ; celle des pairs

  1. Le toast orangiste est conçu en ces termes : « À la glorieuse et immortelle mémoire de notre libérateur protestant, le grand roi Guillaume, qui nous a délivrés du pape et du papisme, de la monnaie de cuivre et des sabots. »