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IRLANDE.

question, et dans la conviction où je suis de pouvoir réaliser un jour l’indépendance de ma patrie, je vous propose ce toast : à l’Irlande telle qu’elle devrait être, grande, glorieuse et libre ; à la reine des fleurs de la terre : à la plus belle perle de l’Océan. »

Ce discours d’O’Connell fut souvent interrompu par de longs et bruyans applaudissemens, et le toast fut porté avec un enthousiasme difficile à décrire.

À peine le calme fut-il rétabli, que le président prit de nouveau la parole. « On a réuni dans le même toast, dit-il, les noms du duc de Northumberland et de la duchesse, son épouse, l’amie des pauvres. Je vais, avec votre permission, passer sous silence monsieur le Duc. Personne de vous n’ignore la conduite qu’il a tenue à l’égard des malheureux tisserands. Il eut la bassesse de leur acheter pour cinq livres sterling d’étoffe de gilet, et il veilla, dit-on, à ce qu’on lui en donna bonne mesure pour son argent. Cet acte de munificence a été célébré dans une admirable parodie intitulée « les Gilets de velours », que vous devez tous connaître. Quant à la duchesse, la réputation de bonté qu’on lui fait est bien méritée, c’est pourquoi je vous propose la santé de la « duchesse de Northumberland, l’amie des pauvres. »

Ici, la liste des toasts étant épuisée, O’Connell s’assit, et M. Dennan, profitant du premier moment de silence, se leva pour porter la santé du Président. À ces mots, la salle retentit des plus vives acclamations, et O’Connell, debout à sa place, attendit long-temps pour remercier l’assemblée, que le calme se rétablit. « La bonté, dit-il, que vous me témoignez, me remplit de reconnaissance. Dans le parlement, je ne serai d’aucun parti : j’y vais pour travailler. Le seul titre que j’ambitionne est celui de représentant du peuple. Je serai le premier à entrer au parlement et le dernier à en sortir ; et je ne laisserai passer aucune mesure qui affecte les intérêts de mon pays, sans dire ce que j’en pense. Je vois l’Angleterre