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TABLEAU DES ÎLES DE LA MER BLANCHE.

traordinaires, sur le vin, sur les brebis, c’est-à-dire sur les troupeaux, pour les marins qu’elles devaient fournir à la flotte ottomane, pour l’entretien du bâtiment chargé de transporter l’eau dont elle avait besoin, et quelquefois pour les gabiers des vaisseaux de guerre. À cela il faut encore joindre le revenu particulier du capitan-pacha, ceux du drogman de la flotte, et des autres subalternes turcs et grecs. Les tchaouchs de l’arsenal se faisaient aussi payer très-cher toutes les fois qu’ils s’y rendaient pour l’exécution de quelque ordre. Ces mubachirs sont une des plaies de l’empire ottoman, et leurs exactions deviennent partout une cause de mécontentement et de ruine.

L’art. 5 a essuyé aussi beaucoup d’altérations ; on payait une dîme à la Porte, mais les Vénitiens en touchèrent aussi quelque chose jusqu’en 1669, époque de la prise de Candie. Ce tribut singulier, dont on ne trouve point aujourd’hui l’origine, dut naturellement cesser avec la grande influence de la république dans les mers du Levant.

Ce fut alors que la Porte envoya dans les îles des tahrirdjis (commissaires du cadastre ou estimateurs), qui réglèrent cet impôt sur la base d’un aspre par mesure de terre (un arpent environ). Santorin, par exemple, payait de cette façon près de 4,000 piastres de dîme, y compris les biens ecclésiastiques et ceux des évêques des deux rites, plus 3,000 piastres pour la capitation, le droit de mouture, etc.

On observa cette règle durant un assez grand nombre d’années. Mais bientôt l’avidité de quelques riches insulaires les porta à solliciter du capitan-pacha la ferme des impôts, qu’ils payaient par anticipation ; par ce moyen, ils obtenaient le titre de vaïvode, avec le fâcheux avantage de pressurer leurs compatriotes pour pouvoir faire face à leurs engagemens et appuyer leurs intrigues. C’est surtout depuis la guerre de 1769, entre les Turcs et les Russes, que les impositions ont pris un accroissement considérable, et à l’époque de l’insurrection de 1821, Santorin payait jusqu’à 40,000 piastres pour la dîme