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GUATÉMALA.

son territoire, le Guatémala doit nécessairement un jour, jouer un grand rôle dans les affaires du monde[1].

Le Guatémala occupe la partie méridionale de la prolongation de l’isthme de Panama. Baigné d’un côté par la mer des Caraïbes, et de l’autre par le grand Océan Boréal, il confine à l’E. et au N.-E. aux États-Unis mexicains, au S.-E. à la Colombie, et s’étend entre les 8° et 17° de latitude N., et entre les 84° 30′ et 96° 20′ de longitude O. du méridien de Paris.

Ce pays ne fut jamais soumis au Mexique. Gouverné par des rois particuliers, il opposa une résistance vigoureuse aux

  1. On a le projet d’ouvrir la communication par la rivière de San Juan et le lac de Nicaragua, et de creuser un canal entre celui-ci et l’océan Pacifique. La longueur de ce canal ne serait guère que de 20 à 25 milles, et il traverserait une surface généralement unie.

    En 1825, une compagnie de négocians, s’étant formée à New-York pour la construction de ce canal, chargea M. E. Blunt d’en lever le plan, et de reconnaître si l’entreprise était praticable. Des retards occasionnés par la jalousie des autorités locales empêchèrent cet ingénieur de commencer ses opérations avant la saison des pluies. Néanmoins il était parvenu à exécuter le tracé dans toute la largeur de l’isthme, moins une distance d’environ quatre milles, lorsqu’il fut attaqué de la fièvre du pays, et forcé de retourner sur ses pas.

    M. Barclay, de Londres, adressa aussi des propositions au gouvernement. Il offrait de construire le canal, à condition qu’on lui accorderait le privilége exclusif de sa navigation, à l’aide de bateaux à vapeur, durant 50 ans, la recette des droits de péage jusqu’à concurrence de ses déboursés, et ensuite la moitié du péage pendant 15 ans. Cet entrepreneur exigeait également que le capital employé dans l’opération fût reconnu dette nationale par le Guatémala, et lui fût remboursé si les profits du canal n’y suffisaient pas.

    M. Palmer, négociant de New-York, fit des soumissions plus avantageuses pour le Guatémala, en 1826, par l’entremise du colonel Beneski, et obtint la préférence. Il demandait le privilége de la navigation exclusive du canal pendant 20 ans, et la moitié des produits du péage durant sept autres années ; le gouvernement ne s’engageait à rien. Au contraire, M. Palmer devait lui avancer immédiatement 200,000 dollars, pour élever des fortifications sur ses bords, et il n’avait, pour se couvrir de ses frais que le revenu incertain du canal. Le traité fut signé au mois de mai 1826, mais les conditions en furent jugées si désavantageuses, que M. Palmer, ne pouvant obtenir d’actionnaires, renonça à l’entreprise.