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RUSSIE.

foule d’autres états viendraient se ranger sous notre puissance ; en un mot, Khiva est maintenant un poste avancé qui s’oppose au commerce de la Russie avec Bokhara et l’Inde septentrionale. Une fois dans nos mains, Khiva deviendrait une sauvegarde, qui défendrait ce commerce contre les peuples dispersés dans les steppes de l’Asie centrale. Cet oasis situé au milieu d’un océan de sable, deviendrait le point de réunion de tout le commerce d’Asie, et porterait un coup funeste, jusqu’au centre de l’Inde, à l’immense supériorité commerciale des dominateurs des mers[1]. »

Voilà d’assez fortes preuves que l’idée d’envahir l’Inde n’est pas étrangère à la politique de la Russie. L’invasion serait tentée de la manière suivante.

« Le projet des Russes relativement aux Indes[2], paraît être de diriger d’abord par la mer Caspienne, un corps peu nom-

    rêts, on aurait construit les vaisseaux à Orembourg, et on les aurait transportés pièce à pièce à travers les solitudes des Kirghis.

  1. Le Khârezm (pays des Khiviens) est soumis aujourd’hui à un khan belliqueux, qui a réuni sous son pouvoir plusieurs tribus autrefois indépendantes. Les forces militaires de Muhammed Rakim montent à peu près à vingt mille hommes. Son fils, qui peut avoir maintenant vingt-cinq ans, est généralement considéré comme son héritier présomptif. Toutes les fois que son père s’absente de la capitale, c’est lui qui le remplace, avec le frère aîné du khan qui réside ordinairement dans la ville de Khezarès.

    Khiva compte quinze mille habitans. Elle à une forte muraille de terre flanquée de tourelles, et un fossé profond. Elle possède trente mosquées et une école impériale. Les environs sont remplis de villages très peuplés et les champs couverts de froment, de mil, de vignobles, et d’une immense quantité de lentilles, dont les habitans font du beurre qu’ils préfèrent à celui que l’on tire du lait. Les caravanes de Khiva se rendent à Orembourg pour prendre les produits des fabriques européennes en échange des marchandises et denrées qu’elles y apportent, comme blé, coton, soie, robes brodées en fil d’or. Quelquefois aussi elles paient en numéraire, monnaie de Perse ou de l’Inde. On évalue à 300,000 roubles l’exportation annuelle.

    Il paraît certain qu’on a trouvé il y a quelques années, dans l’ancienne ville d’Orkand, plusieurs médailles grecques frappées du temps d’Alexandre-le-Grand.

    (Extrait d’un manuscrit.)
  2. Voy. le colonel Evans