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PROJET D’UNE INVASION DE L’INDE.

une exploration purement scientifique, comme se sont plu à le publier ceux qui firent partie de ces missions, mais bien plutôt dans un but politique.

Ainsi, l’un d’eux observe que c’est à la Russie qu’il appartient d’imprimer aux provinces de l’Asie centrale une impulsion salutaire, et de répandre dans toutes ces contrées les bienfaits de la civilisation européenne ; et un autre ajoute : que pour l’avantage du commerce russe, il faut prendre possession de Khiva. Le colonel Mouravief, qui fut employé en 1820, dans une mission à Khiva, nous met également sur la voie des projets de la Russie dans le passage suivant, que nous avons choisi entre une foule d’autres qui ont trait au même objet.

« Si nous possédions Khiva, dit-il, dont la conquête ne serait pas difficile, les nomades de l’Asie centrale craindraient notre puissance, et nous aurions une route commerciale assurée de l’Indus et de l’Oxus (Gihon) jusqu’en Russie. Tous les trésors de l’Asie enrichiraient notre pays, et nous verrions réaliser le brillant projet de Pierre-le-Grand[1]. Maîtres de Khiva, une

    par la réunion du Tach-Kend et du Turkestan. La ville de Kokand est située dans une vaste plaine sur les rives du Sir. Elle ne renferme aucune fortification, si ce n’est le palais du Khan, qui est entouré d’une palissade. Les terres environnantes sont couvertes de prairies et de pâturages. Le coton et la soie forment les deux objets principaux du commerce et de l’industrie nationales.

    Les habitans de Kokand importent en Russie beaucoup de toiles peintes et imprimées. Ils reçoivent des Russes des fourrures et du nankin, qu’ils vendent à Kachgar, où ils les échangent contre de la rhubarbe.

    À Kodjènd, autre ville de cette principauté, on fabrique également une grande quantité de grosses toiles de coton, que les Boukhares achètent pour en faire ces toiles peintes connues sous le nom de bourmetes. On y trouve en outre des tissus de soie, nommés koutni, assez semblables à la ratine, et dont chaque pièce se paie un ducat de Boukharie. La soie est en général la plus importante production du pays. Les Boukhares, et surtout les juifs, en achètent annuellement deux cents charges de chameaux. (Extrait d’un manuscrit.)

  1. Pierre-le-Grand, qui avait tracé la route de son peuple vers Constantinople, avait aussi prévu celle qu’il suivrait pour la conquête de l’Inde. Il voulait avoir une flotte sur la mer d’Aral. Comme les environs de cette mer n’ont point de fo-