anglaise et détruire les comptoirs des autres peuples, tel est le but de la Russie. Ce projet paraît gigantesque, inexécutable. Voyons cependant comment la Russie compte l’accomplir.
« Dès 1790, dit un écrivain anglais[1], Catherine ii avait résolu de tenter une expédition de Bokhara à Cachemire pour replacer le Mogol sur le trône de l’Inde, et chasser les Anglais de leurs possessions ; il y avait alors en Russie des Français envoyés par M. de Vergennes, et qui offraient de conduire l’armée…
» Quand la flotte anglaise était prête à faire voile pour la Baltique, afin de forcer l’impératrice à signer la paix, le prince de Nassau, qui était alors en faveur auprès de cette princesse, présenta un plan pour envoyer par Bokhara une armée dans le Cachemire et de là dans le Bengale.
» On prévoyait peu de difficulté à franchir Bokhara ; on avait même l’espoir de se rendre les peuples favorables en rétablissant sur le trône un prince de leur religion ; mais en eût-il été autrement, on avait peu de chose à redouter d’un peuple si divisé, et qui tremble au nom de la Russie.
» Saint-Géniès (officier français), prétendait qu’il existait des passages faciles à travers les montagnes, et qu’il avait à sa disposition des agens que M. de Vergennes lui-même avait secrètement expédiés dans le pays. Il présenta avec son projet une carte, et une route à suivre pour l’armée. Il espérait d’ailleurs être rejoint dans le nord de l’Inde par tous les mécontens du pays, etc. »
On parut reprendre ce projet en 1819 et 1820. Aussitôt que les affaires de France furent consolidées, on dirigea presque simultanément plusieurs agents à Bokhara, à Khiva, chez les Turcomans, et préalablement à Kokand[2]. Ce n’était pas pour