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ÉGYPTE.

peste, il faudrait établir trois lazarets : un à Alexandrie, un à Damiette, le troisième à Catie, dans les déserts qui conduisent en Syrie. On pourrait alors l’empêcher de s’introduire en Égypte ; car il n’y a aucun exemple qu’elle soit venue de l’Arabie, de la Barbarie ou de l’Éthiopie. Ce mal est apporté généralement de la Turquie et de la Syrie. Quant à la petite vérole, la vaccine, répandue par quelques médecins qui seraient chargés de cette mission, et encouragée chez les habitans par le gouvernement qui attacherait dans les commencemens une légère récompense à leur docilité, en arrêterait promptement les ravages.

Le climat en Égypte est sain et agréable. Les vents du nord-ouest qui portent avec eux une douce fraîcheur, y règnent pendant les grandes chaleurs, c’est-à-dire depuis le mois de mai, jusqu’à la fin d’août. Pour être à même de juger de la bonté de ce climat, il faudrait parcourir les campagnes où on verrait que les habitans, presque sans vétemens, et n’ayant qu’une misérable nourriture, jouissent d’une santé brillante et conservent leurs forces jusqu’à l’âge le plus avancé.

Le moyen d’établir les résultats que les améliorations du système administratif pourraient produire en Égypte sous les deux rapports si intimement liés de la culture et des revenus du gouvernement, est de fixer avec autant de précision que possible, leur état actuel. Les évaluations suivantes reposent sur des bases dont la source donne lieu de les croire exactes. On a beaucoup exagéré en plus comme en moins le montant des revenus du vice-roi. On se tromperait si on jugeait de sa richesse par les dépenses énormes qu’il a faites depuis quelques années ; et on se tromperait également en accueillant légèrement le bruit d’un déficit dans la situation du trésor. Au reste, si Mehemet-Ali a pu jusqu’à ce jour couvrir, ou à peu près, en épuisant toutes ses ressources, ce développement fastueux qui appartient presque à un état du premier ordre, il ne pourrait le soutenir long-temps encore sans dépas-