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COUP D’ŒIL

arts ; ou les Polonais, dont un grand nombre connaît parfaitement les deux langues, et qui paraissent animés d’une telle ardeur pour les sciences, qu’ils y consacrent leur vie entière ? » Érasme, vers le même temps, écrivait à Sévérin Bonnar : « La Pologne est la patrie de tous ceux qui osent être savans. » À l’époque où vivait le célèbre Hollandais, quatre-vingt-trois villes de Pologne possédaient des imprimeries, et Cracovie seule en comptait quarante. Kromer[1], Orzechowski, Sarniçki Bielski, Paproçki, exploraient l’histoire nationale ; Rey, Zimorowicz, Szymonowicz et les frères Kochanowski brillèrent comme poètes ; Ocieski, Modrzewski, Warszewicki, Groiki, Herburt, se firent un nom dans les sciences politiques ; Brudzewski, Kopernik, Grzebski, Spiczynski, Siennik, Sendziwoy, s’illustrèrent dans les sciences exactes. C’est cette brillante époque que M. de Salvandy nomme barbare et qui lui paraît « sans intérêt comme sans résultat. » Il ne date l’histoire de Pologne que de l’avénement au trône de la maison de Wasa, c’est-à-dire du moment de la décadence de ce royaume.

L’affaiblissement des lumières date de la fin du XVIe siècle, au moment même où elles se répandaient dans le reste de l’Europe. Cet affaiblissement commença avec le règne de Sigismond-Wasa (1587) ; il ne fit que s’accroître sous ce prince fanatique et ignorant. L’introduction des jésuites[2] à sa cour fut comme le signal de la persécution dirigée d’abord contre les protestans, et qui s’étendit bientôt aux lettres elles-mêmes. Le règne de Sigismond-Wasa ouvre la quatrième période de l’histoire polonaise C’est l’époque de la décadence de la Pologne.

  1. Prince-évêque de Warmic, fils d’un paysan. Solignac l’appelle le Tite-Live moderne.
  2. Nous ne faisons ici que relater un fait, sans prétendre toutefois en tirer aucune conséquence défavorable aux jésuites, considérés comme particuliers. On ne peut révoquer en doute les services que plusieurs d’entr’eux rendirent aux sciences, même en Pologne.