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SUR L’HISTOIRE DE POLOGNE.

puyer, à la façon romaine, sur la force armée. Les diètes furent les comices, et leurs lois acquirent l’autorité des plébiscites, auxquels durent céder nécessairement les sénatus-consultes, comme décisions des patriciens. Chaque représentant du peuple devint tribun et s’adjugea le droit d’un veto absolu ; car c’est ainsi qu’on expliqua en 1562 la fameuse garantie royale de 1505 : nihil novi constitui debeat per nos et successores nostros, sine communi consiliariorum et nuntiorum terrestrium consensu. L’extinction de la race des Jagellons en 1572 consolida ces bizarres prétentions et les conditions présentées aux rois élus, sous le nom de pacta conventa, donnèrent à la noblesse l’occasion de les multiplier. Toutefois, depuis le règne de Casimir-le-Grand, la Pologne voyait croître sa puissance. Les lumières répandues sous les Sigismonds empêchaient l’anarchie des comices ; l’amour de la patrie qu’elles inspiraient, écartait toute discorde en présence de l’intérêt public ; enfin les mœurs douces des seigneurs, autre résultat des lumières, rendaient leur joug tolérable à la bourgeoisie et aux classes agricoles. Aussi c’est dans cette brillante époque, que l’empire grec, les couronnes de Bohême, de Hongrie et de Danemarck, l’empire d’Allemagne même, et le trône de Moscou, furent offerts à la famille des Jagellons. L’instruction pénétra jusque dans les dernières classes du peuple ; la langue polonaise acheva de se former, et presque tous les classiques anciens et modernes furent traduits. De Thou rappelle l’impression que produisirent sur la cour de France les Polonais venus à Paris pour offrir le trône à Henri iii. Le célèbre Muret, au XVIe siècle, comparant les nations alors réputées les plus polies et les plus savantes (les Italiens et les Polonais), se demande « Quelle est entre ces deux nations celle qui mérite qu’on la loue davantage, sous le rapport des sciences et des arts ? Sont-ce les Italiens, dont la centième partie à peine étudie le latin et le grec, et montre quelque goût pour les sciences et les