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IRLANDE.

d’encourager les faibles, de diriger les ignorans, et d’épier les abus locaux de l’administration. Voici leur mode d’organisation. L’association était le grand club central. Dans chaque ville, on établit un club de comté, qui correspondait avec l’association, et dans chaque paroisse, un club qui correspondait avec celui du comté. Les membres de chaque club se réunissaient, une fois la semaine, pour concerter les mesures nécessaires à prendre, et tous les mois ils faisaient un rapport sur les progrès de l’association, sur les abus à corriger, et les procès à intenter. Ajoutez à ce système si bien coordonné six millions d’hommes, agissant d’accord, réunis par le sentiment d’une injustice commune, et déterminés à reconquérir à tout prix leurs droits, et vous aurez une idée exacte de l’état de l’Irlande pendant les six dernières années. Quel gouvernement assez fort pour résister à une telle coalition, assez insensé pour courir la chance d’une lutte plus longue ! Le ministère Wellington a reculé devant l’avenir ; les catholiques sont libres.

Je me suis attaché, Monsieur, non pas à retracer les événemens déjà si connus de l’élection de Clare, ni les réunions des paysans de Tipperary, ni les armemens des orangistes, ni l’attitude menaçante de leurs adversaires ; mais à esquisser rapidement le développement et la marche de l’association catholique, en un mot le matériel de ses opérations. Je vous ai parlé de son organisation politique ; j’ajouterai seulement quelques traits pour peindre son influence morale sur le peuple irlandais. Les négocians et marchands protestans de Dublin et des principales villes commerçantes de l’Irlande, avaient adressé des pétitions aux deux chambres du parlement, contre l’émancipation catholique. Ces pétitions excitèrent un vif mouvement d’indignation, au moment où le mécontentement public était déjà porté au plus haut degré. M. Forde, riche négociant et membre zélé de l’association, fit une proposition qui avait pour but de recommander aux catholiques de n’en-