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POLOGNE.

faisait que les projets convertis en loi avant la limitation, ne perdaient point leur force, malgré le veto, qui pouvait ensuite rompre la diète. On sait que, d’après le principe, la diète étant rompue, toutes les lois qui y étaient votées ne pouvaient plus obliger[1]. Le liberum veto trouva encore un remède plus efficace dans le mal même qui le fit naître, je veux dire dans les confédérations, la dernière espèce de diètes législatives, dont il nous reste à nous occuper.

On a vu que le serment des rois de Pologne autorisait une rebellion légale dans le cas où il serait violé par le monarque. Après les admonitions prescrites par la loi de 1609, qui consistaient en représentations faites au roi, d’abord par primat du royaume, ensuite par le sénat, et enfin en pleine diète, un palatinat quelconque pouvait proclamer l’interrègne et appeler les autres à se confédérer. Tous les citoyens qui en reconnaissaient la légalité montaient à cheval. Ils élisaient un maréchal et un conseil général (généralité), qui remplaçaient l’autorité royale. Les palatinats étaient commandés par des régimentaires. « Ces confédérations, dit l’auteur de l’Histoire des gouvernemens du Nord, avaient quelque chose de particulier, qui mérite d’autant plus d’être remarqué, qu’on ne trouve rien de pareil chez aucun autre peuple. On voit partout des révoltes contre l’autorité souveraine, mais l’origine en est secrète, la marche sans ordre et presque toujours sans suite. En Pologne, au contraire, les nobles s’associent publiquement pour se rendre justice et établir de force ce qu’ils veulent : au lieu de se cacher, ils publient des manifestes, Ils font des réglemens et les suivent, et quand on voit une confédération liguée contre le roi ou contre d’autres confédérations, on croit voir une nation liguée contre une

  1. Cela ne détruisait point le budget de l’état car celui-ci, consistant en riches régales, n’avait pas besoin d’être voté par les diètes. Elles ne votaient que les impôts pour la guerre et des événemens urgens.