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POLOGNE.

n’ayant jamais été consignée dans un corps de lois organiques, il serait difficile de rattacher à une époque fixe la formation de son gouvernement. C’est pourquoi nous nous bornerons à indiquer celles qui prévalurent à diverses époques, et qui se succédèrent jusqu’à la chute de cet état. En 1768 seulement, une espèce de charte fut promulguée sous le nom de lois cardinales et de matières d’état. L’influence étrangère, intéressée à prolonger l’anarchie en Pologne, s’associa à cette promulgation pour donner force de loi à des usages funestes, que dans la suite d’autres usages auraient pu faire abolir. On sait que les Polonais reconnurent enfin le vice de leur constitution, et sentirent le besoin de réformer les anomalies de ce chaos anarchique : la constitution de 1791 fut le fruit de leurs efforts ; mais nous ne traiterons point, dans cet article, de l’ordre des choses qu’elle avait établi.

La Pologne était république. Trois ordres concouraient à y exercer la souveraineté : le roi, le sénat et la noblesse. Telle était au moins l’expression de la loi reconnue par le plus grand nombre des historiens. Le pouvoir royal comme l’a très bien défini Rzewuski[1], était un pouvoir médiateur, qui convoquait l’autorité législative et présidait les deux autres pouvoirs ; mais qui, par lui-même, n’avait aucune force. L’autorité du sénat était simplement consultative. Ainsi ce n’est que par imitation de la législation anglaise, et à la fin du 16e siècle seulement, que la théorie des trois ordres fut introduite dans les discours des représentans et le texte des lois ; mais en fait elle n’a jamais existé. En Pologne, la souveraineté fut exercée démocratiquement par un seul ordre, celui des nobles qui composaient le corps de la nation. La noblesse n’y était point, comme ailleurs, une simple distinction honorifique, un haut vasselage (la féodalité était inconnue dans ce pays) ; c’était un

  1. Pensées sur le Gouvernement républicain, 1785.