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INDIENS CHÉROKÉES.

La déportation de tous les Indiens de l’Union au-delà du Mississipi paraît définitivement résolue. Se soumettront-ils paisiblement à cette cruelle mesure ? La chose est peu probable. Déjà même les Creeks de l’Alabama ont tenu plusieurs conseils secrets, dans lesquels ils ont pris la résolution de défendre leurs pénates jusqu’à la dernière extrémité. Ainsi, on peut s’attendre à voir se renouveler les horreurs dont les paisibles habitans des frontières furent les victimes en 1813, lorsque les Anglais mirent les armes aux mains de ces sauvages. Une députation de leurs chefs s’est rendue auprès des Chérokées, des Choctaws et des Séminoles, pour leur proposer une alliance offensive et défensive. Les Chérokées avaient seuls répondu affirmativement à leur appel au mois d’août dernier, et Ross, leur président, venait d’adresser un parler à ses concitoyens, pour les exhorter à ne point abandonner leur pays. Le colonel Crowell, agent des États-Unis, auprès de ces indigènes, s’était retiré ; tous les blancs s’éloignaient de leurs frontières, et le gouvernement concentrait à Columbus toutes ses forces disponibles.

Le Phénix chérokée, auquel nous avons emprunté la plupart de ces détails, paraît sous les auspices du conseil général de la nation. Ce journal, étant spécialement consacré aux Indiens, doit nécessairement avoir la plus heureuse influence sur leur civilisation à venir. Les 27 premiers numéros que nous avons sous les yeux, nous ont semblé de nature à hâter ce résultat. Tous les articles qu’ils renferment tendent à montrer les avantages de la vie sociale sur la vie sauvage, et à inspirer aux indigènes l’horreur du vice et l’amour de la vertu. Puissent les mesures violentes que la Georgie vient de prendre à leur égard n’avoir pas les funestes effets qu’on doit en attendre, et ne point replonger dans la barbarie les premiers Américains qui aient fait un noble effort pour en sortir !


B…