Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 1.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.
316
ANGLETERRE.

aux hommes de loi qui les remplaceraient, afin de les mettre au-dessus de la corruption, et de leur offrir des avantages équivalens à ceux que présente le barreau, seraient si élevés, qu’ils formeraient une addition notable aux charges publiques.

Il est impossible cependant que, tôt ou tard, on n’adopte pas ce parti. Le président des quarter sessions au moins devrait être un homme de loi salarié. Tel est déjà celui du comté de Lancaster, avec un traitement de 800 liv. st. (20,000 fr.) par an.

Dans les grandes villes, la multiplicité des affaires a également rendu indispensable la nomination de Magistrats salariés. À Londres, il y en a vingt-sept, dont trois possédant une espèce de suprématie sur les autres, constituent le tribunal bien connu de Bow-Street. Il y en a également un à Manchester, qui siège tous les jours. Il est probable qu’avec le temps cette innovation deviendra universelle, et même qu’après avoir d’abord exercé leur juridiction concurremment avec les Magistrats, les hommes de loi finiront par les supplanter et par s’approprier entièrement des fonctions qui s’accordent beaucoup mieux avec leurs habitudes et leur éducation.

Une pareille mesure a été dernièrement encore présentée pour le comté de Chester, et je ne puis m’empêcher de rapporter ici un incident qui s’est passé dans le cours de la discussion, parce qu’il est propre à jeter un nouveau jour sur le sujet, et surtout parce qu’il offre un exemple frappant de la manière dont on entend en Angleterre les droits des localités[1].

À la seconde lecture du bill pour la prévention du crime dans le comté de Chester, un membre de la chambre des communes, M. Leycester, s’opposa à la mesure, comme étant propre, par la création d’une magistrature salariée, à faire naître des préventions défavorables contre les Magistrats du comté. « Dans l’opinion de l’honorable membre, ces Magis-

  1. Voyez l’Examiner, du 20 avril 1829.