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ANGLETERRE.

qui s’élèvent jusqu’à 5, 10, et même 20 liv. st. et un emprisonnement qui va jusqu’à trois et six mois. Souvent ils sont parties intéressées dans l’affaire qu’ils doivent juger, ce qui arrive constamment, par exemple, pour les contraventions aux lois de la chasse. Un propriétaire juge lui-même le braconnier qui tue son gibier ; et vous pouvez penser de quelle manière cette justice est administrée. « Il n’est pas, dit M. Brougham, sur la face de la terre, un pire tribunal, pas même le tribunal d’un cadi, que celui devant lequel sont jugées journellement les contraventions de chasse : je veux dire une paire de Magistrats chasseurs. Loin de moi l’idée que leurs motifs soient criminels ; mais ils sont entraînés à leur insu par l’horreur qu’ils ont de ce caput lupinum, de cet hostis humani generis, comme l’appelait une fois un de mes honorables amis ici présent, de ce feræ naturæ, un braconnier. Les mêmes abus existent dans tout ce qui est soumis à leur juridiction sommaire, dans les jugemens des petits délits contre la propriété, dans les causes de voies de fait, principalement contre des officiers de police, dans les causes de non-paiement de dîmes ; enfin dans une multitude d’autres matières qui intéressent la liberté et la fortune des sujets. La manie de mettre en prévention sans motifs bien fondés a aussi beaucoup augmenté dans ces derniers temps. Un Magistrat met son amour-propre à envoyer aux assises un grand nombre de prévenus : cela lui vaut la gloire d’être cité devant le juge du roi, le shérif et le grand jury. Dans ce jour solennel, il a le plaisir d’entendre ces mots qui volent de bouche en bouche : Quel homme ! quel terrible magistrat ! Personne ne nous envoie tant de monde. »

Dans les quarter sessions, les Magistrats peuvent condamner à l’emprisonnement, au fouet, à l’amende, à la déportation pour sept et quatorze ans. « J’ai frémi, dit M. Brougham, en voyant de quelle manière ces terribles pouvoirs sont quelquefois exercés par une juridiction non responsable de ses