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ADMINISTRATION LOCALE.

cette classe de crimes que les Anglais appellent felonies, fut jugée par les quarter sessions. Quant à la juridiction sommaire des Magistrats pour les délits et contraventions, juridiction qui a été successivement constituée et augmentée par une multitude de statuts, on n’en connaît pas la première origine. Il est très-singulier qu’une pareille juridiction, si directement contraire à l’article de la grande Charte qui garantit à tous les sujets le droit d’être jugés par leurs pairs, ait fixé si peu l’attention des publicistes, qu’ils ne se soient pas même donné la peine d’en constater les premières traces. On voit seulement que ces pouvoirs ne leur furent distribués qu’avec une grande réserve, durant la lutte long-temps prolongée entre la royauté et le peuple, entre le pouvoir et la liberté ; ils furent beaucoup augmentés, lorsque les droits de l’un et de l’autre eurent été mieux fixés à l’époque de la révolution ; ils reçurent enfin un nouvel accroissement après l’accession de la maison de Hanovre[1].

C’est surtout dans l’exercice de leur pouvoir judiciaire que les Magistrats sont maintenant en Angleterre l’objet de plaintes universelles, et il faut le dire, c’est avec raison. À quel titre, en effet, ces hommes acquièrent-ils le pouvoir de prononcer sur la fortune et la liberté de leurs concitoyens ? La plupart ont passé leur vie dans les occupations de l’agriculture, du commerce, ou le plus souvent dans l’oisiveté. Lorsqu’ils entrent en fonctions, et quelquefois même long-temps après, ils n’ont jamais ouvert un livre de droit, n’ont aucune connaissance des lois dont ils doivent faire l’application, et portent dans leurs fonctions de juges, leurs préjugés et leurs passions habituelles. Tels sont cependant les hommes qu’on investit de pouvoirs judiciaires si étendus.

Dans l’exercice de leur juridiction sommaire, la loi autorise continuellement les Magistrats à prononcer des amendes

  1. Voyez l’ouvrage déjà cité de Pye, Introduction.