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ADMINISTRATION LOCALE.


DE LA MULTIPLICITÉ DES ATTRIBUTIONS POSSÉDÉES PAR LES MAGISTRATS.


Cette multiplicité peut être envisagée sous deux points de vue principaux :

1o Le pouvoir excessif qu’elle donne aux Magistrats ; les considérations auxquelles nous nous sommes livrés dans le paragraphe précédent, nous dispensent d’entrer ici dans de nouveaux développemens à ce sujet.

2o L’impossibilité pour un même individu de réunir les connaissances et les qualités nécessaires à l’exercice consciencieux de tant de fonctions diverses. Quant à ce dernier inconvénient, quoiqu’il soit incontestable, il y a, dans la constitution du corps des Magistrats, une circonstance particulière qui tend à l’atténuer.

Comme les Magistrats sont fort nombreux dans chaque comté, la division du travail s’établit entre eux jusqu’à un certain point. L’un s’occupe des affaires du comté en général ; l’autre, pour le district où il habite, des routes paroissiales ; un autre, des routes à barrière ; un autre, des pauvres et de la maison de travail, etc. Je ne dis pas qu’il en soit toujours ainsi, mais enfin cela se voit souvent. L’autorité des Magistrats s’étendant à tout le comté indifféremment, sans distinction de districts, il y a même entre eux cette espèce de concurrence qui existe entre les hautes cours judiciaires anglaises[1], et que Bentham et son école voudraient, avec raison peut-être, établir dans tous les degrés de la judicature. Les relations naturelles de voisinage, et surtout l’institution

  1. La cour du Banc du Roi, la cour de l’Échiquier et la cour des Plaids-Communs sont également compétentes pour connaître d’un très grand nombre d’affaires.