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SOUVENIRS DU BRÉSIL[1].




… Le soir du sacre de l’Empereur, on donna un grand gala à l’Opéra. Tout ce que la capitale renfermait de beauté et de noblesse s’y trouva rassemblé. L’Opéra de Saint-Joao est un bâtiment élégant et spacieux ; mais on remarquait plus de patriotisme que de bon goût dans les décors. Je ne me rappelle pas d’avoir jamais vu une réunion plus brillante que celle que présentait la salle de spectacle. Les femmes, resplendissantes de diamans qui surpassaient à peine l’éclat de leurs yeux noirs et expressifs ; les uniformes des militaires, couverts d’étoiles et de rubans, et surtout la magnificence éblouissante de la loge impériale, qui occupait presque tout le devant de la salle, produisaient un ensemble d’une grandeur imposante. L’Empereur et sa famille arrivèrent de bonne heure. Il fut reçu, à son entrée, par un cri de joie et d’enthousiasme parfaitement ecrasanto ; de toutes les parties de la salle, on faisait pleuvoir sur lui des couronnes de laurier. On interrompit la pièce à différentes reprises, pendant qu’on récitait dans les loges des louanges poétiques, si extravagantes de style et de sentimens, qu’on aurait cru assister à l’apothéose de l’Empereur. Je m’attendais bien à quelque chose de semblable ; mais quand je vis des senoritas des familles les plus

  1. Brésil pour Brazil