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NOUVEAU PROPHÈTE EN AFRIQUE.

ciers espagnols ont appelé cette dynastie puissante, du nom d’Almorabides, reproduction défigurée de celui d’al-Morâbethyn, c’est-à-dire religieux, que les Lamtounydes s’étaient eux-mêmes attribué.

Un autre Mahdy s’éleva dans le Maghreb, et fit crouler cette monarchie formidable : il se nommait Abou-Mohhammed A’bd-Allah ben Tomrout. À son tour, il prêcha la réforme, rassembla de nombreux partisans, et s’élança, des gorges de l’Atlas, à la conquête des vastes états que possédaient les Lamtounydes : ainsi commença et grandit la puissance des Mouahhedyn ou unitaires, que les romans andalous ont appelés Almohades.

C’est aux mêmes lieux, dans l’Afrique occidentale, parmi les peuples musulmans établis au sud du désert, près des tribus mauresques, que vient d’apparaître le nouvel apôtre, auquel la populace a donné le titre de Mahdy. Avant de rapporter ce que nous ont appris à son égard les renseignemens parvenus de nos établissemens d’Afrique, quelques observations préliminaires sont indispensables.

Au sud des populations mauresques de l’immense désert, habite, au milieu des races nègres, une race cuivrée, qui s’étend comme une zône depuis le célèbre empire de Barnouh jusque vers les bords de la mer Atlantique. Ces peuples, que l’on désigne sous les noms divers de Fellâtas, Foulahs, Fouleys, Peules, etc., se donnent eux-mêmes le nom de Fellâns, ainsi que me l’a affirmé un voyageur européen, qui a contracté avec la famille d’un de leurs chefs les plus étroites liaisons[1]. Ils se comptent, aussi bien que les Maures, parmi

  1. Ce voyageur est M***. Un séjour de plusieurs années auprès de Hhaoua-Déha, roi du Kassou, lui a rendu familières la langue, les manières et les mœurs des indigènes. Le roi, voulant resserrer l’amitié qu’il avait conçue pour le voyageur, lui offrit pour épouse sa fille aînée, promettant de laisser sa couronne à l’enfant mâle qui pourrait naître d’elle ; mais de cette union il n’est en-