turc ose seul se hasarder, suffisent pour arrêter une armée européenne.
L’occupation de Chumla importait surtout aux généraux russes, parce que cette ville leur offrait la communication la plus directe entre la Valachie, la Moldavie et Constantinople. De plus, elle est le centre où viennent se réunir toutes les routes des forteresses du Danube. Mais on ne saurait trop faire observer que la prise même de cette place n’aurait pas, pour les Turcs, les conséquences fatales qu’on a voulu lui attribuer, puisqu’il faudrait toujours franchir ensuite l’immense citadelle que la nature a élevée derrière elle, le Balkan.
Ainsi, comme position, Chumla paraît bien plus formidable encore que comme place forte. Cette ville se trouve située à l’entrée d’une vallée ; tout auprès les montagnes forment un amphithéâtre vertical en quelques endroits, qui la domine et la protège tout à la fois. Un double mur, entouré de larges fossés et flanqué de redoutes, ferme, du côté de la plaine, l’ouverture de cet informe croissant ; de nombreuses batteries défendent les endroits accessibles.
C’est là que depuis 1772 jusqu’en 1810 les Russes ont constamment vu échouer tous leurs efforts ; c’était là qu’en 1828 ils devaient éprouver de nouveaux revers. Et d’abord, quoi qu’on ait pu dire à ce sujet, le siége régulier de la place ne fut jamais entrepris, et ne pouvait pas l’être. On se contenta de chercher à empêcher les fréquentes excursions des Turcs dans la plaine, en élevant devant eux une ligne opposée de redoutes. Tout le monde sait qu’on y parvint fort imparfaitement : les bulletins parlent eux-mêmes des continuelles sorties d’Hussein-Pacha, qui, toujours battu par les relations officielles, trouva pourtant le moyen d’enlever une fois six pièces de canon dans un retranchement, massacra tout un régiment, et tua le général de Wrede.
Voilà ce que les journaux ont avoué, parce qu’il était im-