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GUERRE D’ORIENT.

vaincus ; les restes de la garnison se retirèrent avec le dernier des habitans[1]. Quand les Russes entrèrent dans Ibraïl, cette ville ne leur offrit plus qu’un monceau de cendres et quelques canons encloués, tandis que, depuis le commencement du siége, le vieux chef musulman avait vu tomber sous ses coups trois lieutenans-généraux, cent vingt officiers supérieurs et huit mille soldats[2].

Après la prise d’Ibraïl, l’armée se porta en avant. Quatre bicoques, que les journaux ont transformées en villes de guerre, Hirsova, Matchin, Toultcha et Kustendi, furent occupées sans difficulté. On se dirigea ensuite sur Chumla, principale entrée du Balkan ; c’était un point de la plus haute importance.

Le Balkan, ou l’ancien Hémus, prolongation orientale de la chaîne des Alpes, s’étend depuis le golfe de Venise jusqu’à la mer Noire, dans un espace de cent soixante-dix lieues. Cette longue chaîne de hautes montagnes, entrecoupées de gorges, de défilés et de forêts impénétrables, présente la plus formidable barrière que l’on puisse imaginer. Le terrain, qui, du côté du Danube, forme la plaine inégale de la Bulgarie, s’élève bientôt comme un mur inaccessible, dont le sommet se perd au milieu des nuages. C’est au pied de ce vaste rempart qu’est bâti Chumla.

Point de route proprement dite à travers le Balkan. On ne compte que cinq passages praticables, l’un, de Sophia à Bazardjik, deux de Tirnowa à Kyzanlyk et Selymnie, et deux de Chumla par Karnâbat et Aïdos. Ces passages, où le cavalier

  1. Ce brave militaire fut traduit devant une espèce de conseil de guerre, où il a été acquitté, et toutefois envoyé en exil à Mételin.
  2. Tués ou blessés. Les bulletins officiels ont avoué eux-mêmes une perte de près de deux mille hommes dans l’un des derniers assauts. C’est à ce nombre seul que monta la perte causée par le jeu intempestif des mines, dans l’intervalle du premier au second assaut.