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EXPÉDITION DE L’ESPAGNE.

Le congrès, cédant aux vœux si fortement prononcés des indigènes et de l’armée, qui ne cessaient de signaler les Espagnols comme les véritables auteurs de tous les maux du pays, rendit, le 20 mars 1829, une loi pour l’expulsion de tous les Espagnols domiciliés dans le Mexique. L’impérieuse nécessité entraîne souvent à de grandes extrémités. Les Escoceses avaient failli s’emparer du pouvoir ; leur triomphe assurait tôt ou tard celui de l’Espagne. Ce n’est point ici le lieu de rechercher si cette révolution nouvelle eût consolidé enfin le repos du Mexique ; mais il est certain qu’elle aurait amené le renversement de la république fédérale. C’était pour les Yorkinos une question de vie ou de mort.

Le président Guerrero fut chargé de l’exécution de ce décret. Environ 22,000 Espagnols partirent pour la terre d’exil, emportant avec eux tout ce qu’ils possédaient. On excepta seulement ceux qui avaient combattu pour l’indépendance, et donné des preuves de dévouement à la république, les marins qui en 1825 avaient livré le vaisseau l’Asia (aujourd’hui Congreso), et les Espagnols citoyens ou sujets de nations amies.

Ces observations préliminaires étaient indispensables. On comprendra mieux maintenant pourquoi l’Espagne vient de se décider à courir les chances d’une nouvelle expédition. Il n’est pas douteux, d’après tout ce qui précède, qu’elle avait conservé, jusqu’au commencement de cette année un parti puissant au Mexique. Haut clergé, aristocrates, monarchistes, centralistes même, quoique divisés entre eux d’opinions, se confondaient dans un seul nom (Escoceses), et se réunissaient tous dans un but commun, celui de vaincre les Yorkinos et d’anéantir le pouvoir fédéral. Une fraction de ce parti vient de succomber. Les monarchistes proprement dits ont été proscrits du sol mexicain ; mais il reste encore un grand nombre de mécontens. Maîtres de la majorité dans l’élection de Pedrazza, ils ne la perdirent que par un coup d’état. Ces mécontens