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PORTUGAL

Ce fut alors que S. M. se décida à parler elle-même à l’infant, et elle eut avec lui, le 12 octobre, une fort longue conversation dans laquelle elle récapitula tous les argumens et tous les motifs qui lui avaient été exposés en son nom, deux jours auparavant, par les plénipotentiaires portugais, dans le but de lui faire sentir les sérieux inconvéniens, les dangers même auxquels il s’exposerait, en persistant à refuser de s’embarquer dans tout autre port que dans un port autrichien, et sur tout autre bâtiment que sur un vaisseau portugais…. L’Empereur représenta avec force à l’infant qu’un souverain, et encore plus un régent, appelé à prendre les rênes d’un gouvernement, ne pouvait mettre trop de promptitude à arriver au milieu de son peuple ; qu’il devait, en conséquence, choisir la route la plus directe et la plus courte, et que, s’il persistait dans ses refus, il encourrait le soupçon d’un manque de zèle à cet égard, et du désir de prolonger son séjour à Vienne pour son propre agrément. L’infant, malgré ces sages observations, ayant persisté dans sa résolution, l’Empereur lui demanda si, par hasard, il éprouvait de la répugnance à s’embarquer à bord d’un vaisseau anglais. Don Miguel répliqua qu’il n’éprouvait pas de répugnance pour l’Angleterre ; qu’il savait que cette puissance était sur le meilleur pied avec l’Empereur son frère, et qu’en outre, elle était l’alliée naturelle du Portugal ; qu’il désirait sincèrement être en bonne intelligence avec elle (et il répéta plusieurs fois cette même phrase), mais qu’il craignait, en consentant à monter sur un vaisseau étranger, de blesser l’opinion nationale ; que, pour cette raison, il s’était décidé à ne s’embarquer que sur un vaisseau portugais, afin de se diriger en droiture sur Lisbonne, sans toucher nulle autre part. L’infant ajouta, de son propre mouvement, qu’il était également déterminé à maintenir en Portugal la charte qu’il avait jurée, que Sa Majesté pouvait compter en toute assurance sur ce point, et enfin qu’il le priait de croire que son cœur était rempli de gratitude pour la bienveillance qu’elle