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CORRESPONDANCE DIPLOMATIQUE.

droits par leur fidélité et leur dévoûment à sa personne ; que, s’il consentait à fixer son choix sur ces deux gentlemen, son départ serait le premier objet dont nous nous occuperions ; qu’il devenait plus urgent, de jour en jour, d’en fixer l’époque ; que ce n’était pas seulement, pour connaître la route que Son Altesse l’infant désirerait prendre pour gagner le Portugal, afin de faire les préparatifs nécessaires ; mais que je ne pouvais lui cacher que, quelle que fût la détermination qu’il croirait devoir adopter, l’Empereur ne pourrait cependant consentir en aucune manière à ce qu’il traversât l’Espagne ; considérant qu’outre les grands inconvéniens qui, dans les circonstances actuelles, doivent l’en empêcher, il ne pourrait se permettre d’agir ainsi, sans aller contre les vœux de l’Empereur son frère, et contre l’opinion unanime de toutes les puissances de l’Europe. L’infant, sans élever la moindre objection contre les propositions et les observations que je lui avais soumises, se borna à me répondre qu’il nommerait immédiatement le comte de Villa-Real et le baron de Villa-Secca pour s’entendre, et se concerter avec moi sur les différens points dont je lui avais parlé. Le même jour, il donna ses ordres à ces deux gentlemen, que, de mon côté, je m’empressai de réunir, dans le but que nous nous étions proposé. Le résultat de nos premières conférences nous mit bientôt à même de remarquer et d’être convaincus que, si l’infant avait eu d’abord l’idée de traverser l’Espagne, l’observation que l’empereur don Pédro, son frère, et Sa Majesté l’Empereur, notre maître, étaient opposés à ce plan, avait suffi pour l’engager à y renoncer. Je dois, d’ailleurs, à Son Altesse Royale la justice de déclarer qu’en s’entretenant avec les personnes de sa suite, au sujet de son désir de prendre la route d’Espagne, comme étant la plus courte et la meilleure, le prince n’hésita pas à donner en même temps les assurances les plus positives qu’il ne laisserait approcher de sa personne aucun réfugié portugais. Mais si nous fûmes bientôt satisfaits de ce premier plan de