Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 1.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
UN DÎNER PUBLIC EN ANGLETERRE.

inspiration soudaine ; cet homme dont la merveilleuse facilité ne se fatigue ni ne tarit jamais. O’Connell a déjà parlé plusieurs heures ; vous le croyez épuisé, il ne l’est pas, et son improvisation devient plus abondante et plus vive ; son éloquence ressemble au torrent qui, plus il se précipite, plus il acquiert de force et de rapidité, vires acquirit eundo. Qui sait cependant si cet orateur, placé dans la chambre des communes, au milieu d’hommes froids, d’esprits positifs, habitués à se décider par des raisons d’état, ou des calculs d’intérêt, plutôt que par des entraînemens d’enthousiasme, obtiendra les mêmes succès qu’auprès des masses populaires si faciles à enflammer, et de ces Irlandais si passionnés pour leur foi et leur pays ? Le moment où l’élu des catholiques viendra, par droit de conquête, siéger dans Westminster après une double victoire à Clare, sera peut-être le moment où nous verrons ses éloquens triomphes s’arrêter, et sa brillante étoile commencer à pâlir.


C. N.