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ASIE BRITANNIQUE.

possède une action de l’Inde de 1000 livres sterlings[1] a droit de participer à la nomination d’un président, d’un sous-président, et de vingt-quatre Directeurs, chargés de veiller aux intérêts communs. Six de ces derniers sortent alternativement de leurs fonctions ; mais ils sont ordinairement réélus. La cour des Directeurs s’occupe principalement de législation et d’administration ; c’est un véritable conseil de ministres réglant les affaires d’un immense empire. Ce corps transmet directement ses ordres aux gouverneurs de l’Inde. Tout document officiel envoyé par le secrétaire d’État de l’Inde, ou qui lui aurait été adressé, doit être soumis en duplicata à son examen, en sorte que la Direction possède aujourd’hui autant de renseignemens sur toutes les matières que les gouvernemens locaux eux-mêmes. Cependant les gouvernemens locaux ne dépendent pas uniquement de la cour des Directeurs. Le premier ministre d’Angleterre, et plusieurs autres membres du conseil privé du roi, siégent de droit dans le bureau du contrôle de l’Inde. Un acte du parlement enjoint aux Directeurs de soumettre à ce conseil toute leur correspondance politique, et comme les ministres voient d’un œil jaloux un pouvoir qui est presque indépendant de la couronne, ils surveillent

    culté d’importer cette denrée ! La contrebande, difficile aujourd’hui, se ferait avec audace, les côtes seraient couvertes de bateaux contrebandiers et de cutters du roi pour les intercepter, le nombre des employés des douanes augmenterait nécessairement ; en un mot, sans compter l’accroissement de dépense, il y a tout lieu de douter que le droit sur le thé produisît 4 millions de livres, et comme cette somme est indispensable, il faudrait, pour remplir le déficit, frapper une autre branche de consommation.

    Il résulte de documens imprimés par ordre des deux chambres, que la compagnie ne fait presque plus de commerce avec l’Inde, et que les 22,000,000 sterlings qu’elle perçoit dans le pays sont, à peu près, absorbés par les intérêts de sa dette, et par les frais de ses établissemens civils et militaires dans l’Inde, en Angleterre, à Sainte-Hélène, etc. Tous ses bénéfices proviennent donc presque entièrement de ses relations avec la Chine pour le commerce du thé ; elle y emploie trente à quarante bâtimens.

  1. L’action de 1000 liv. vaut actuellement à Londres 2300 à 2500 liv.